Phénomène relativement récent, la production en masse de téléfilms de Noël représente outre-Atlantique une industrie à part entière. Venant principalement des Etats-Unis, ces productions tournées à l'économie dans de petites villes américaines ou canadiennes sont toujours rentabilisées par le fort succès qu'elles rencontrent lors de leurs diffusions télévisuelles.
Et si la qualité n'est quasiment jamais au rendez-vous (on le sait, vous le savez, alors autant l'avouer), il faut bien admettre que tomber dessus "par hasard" reste un plaisir véritable auquel il est difficile de se soustraire, surtout sous un plaid et avec un bon chocolat chaud à portée de main (on le sait, vous le savez, alors autant l'avouer).
Petit tour d'horizon des 5 pires clichés que l'on retrouve à chaque fois dans ces histoires délicieusement prévisibles et qui s'imposent pourtant comme les ultimes remèdes contre le cynisme ambiant...
Embarquement immédiat au pays des clichés !
- La citadine désabusée qui redécouvre l'amour à la campagne
C'est LE point de départ propre à chaque histoire : rien de tel qu'une citadine célibataire et stressée par son travail qui va découvrir au fil du récit la paix et surtout l'amour dans une petite ville pittoresque. Ces héroïnes BCBG et surmenées échangent en cours de films leurs agendas remplis contre des après-midi hivernales à la patinoire locale, et semblent passer le plus clair de leur temps à se la couler douce en se promenant comme si les RTT pleuvaient. Le cliché atteint son apogée lorsque notre citadine redécouvre la joie des choses simples, comme traîner dans le café du coin, regarder les enfants s'amuser au parc (non, l'héroïne n'est pas mal intentionnée) ou participer à une compétition de bonhommes de neige en s'esclaffant encore plus qu'après une prise de stupéfiants. Elle finira bien entendu par démissionner de son travail de base pour devenir la gérante heureuse d'un coffee shop dans sa nouvelle ville. Soit la vraie valeur de la vie, en langage téléfilmesque !
- Le héros au passé mystérieux
Chaque bon téléfilm de Noël qui se respecte dispose de son héros beau gosse au passé mystérieux, fréquemment illustré par un violon mélancolique en arrière-plan lors de son introduction. Ce héros, souvent originaire d'un petit village oublié, et divorcé/veuf (au choix) est en réalité le PDG d'une entreprise de jouets en détresse, ou un ancien lutin, ou encore un Père Noël en retraite pour les scénarios les plus audacieux et les budgets les plus confortables. Autre signe distinctif : une grosse écharpe en laine autour du cou, et surtout un sourire 'ultra brite' en toutes circonstances qui laisse à penser que son ancienne femme devait certainement être une dentiste renommée. Le bingo est total lorsque ce personnage est en plus interprété par une ancienne gloire des séries télé de notre enfance, tombée rapidement dans l'oubli faute de chance ou de talent (et puis il faut bien arrondir ses fins de mois et gagner sa croûte allons !).
- La rivalité des équipes de Noël
Il est fort probable que dans la petite ville où va atterrir l'héroïne se livre un conflit ancestral entre deux équipes qui organisent des événements concurrents (comme des marchés de Noël, des spectacles de lumières, des concours de sapin, ou autres préoccupations du tiers-monde). Cette rivalité est souvent accompagnée de regards méfiants, de dramatiques messes-basses (qui font mal au cœur à nos protagonistes), de compétitions de pâtisserie et de débats passionnés sur la meilleure façon de décorer un sapin. Et invariablement, l'esprit de Noël les amènera finalement à collaborer dans la joie et la bonne humeur pour créer un événement encore plus spectaculaire, qui servira de grand final. C'est une science exacte, on vous le garantit !
- Les cookies salvateurs
C'est bien connu, les cookies ont le pouvoir de guérir les cœurs brisés, de résoudre les conflits familiaux et d'attirer l'amour véritable (surtout ceux au caramel beurre salé) ! Des biscuits magiques qui sont le plus souvent préparés avec amour et passion selon une recette ancestrale, généralement en provenance de la famille du héros divorcé/veuf susmentionné. Et au moment où tout semble partir à vau-l'eau dans le scénario, on se réunit autour d'un kiosque enneigé ou d'un jardin entièrement décoré de guirlandes de Noël pour déguster un délicieux cookie qui remontera le moral et relancera l'intrigue avec un nouvel élan d'espoir qui mènera au happy end tant attendu. Rien que de l'écrire, on en a des frissons !
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La chute de neige finale
Aucun téléfilm de Noël ne serait complet sans une chute de neige magique au moment le plus romantique. Car c'est bien connu : la neige, symbole ultime de l'esprit de Noël, rend chaque baiser sous le gui encore plus féerique. Qu'elle tombe doucement pendant l'embrassade finale ou qu'elle enveloppe les protagonistes dans un tourbillon de flocons, la neige joue le rôle d'élément romantique indispensable. C'est également le seul moment où personne ne se plaint du froid glacial, puisque dans le monde merveilleux des téléfilms de Noël, la neige est bien sûr chaude et réconfortante, et on irait même jusqu'à dire qu'elle représente LE coup de pouce météorologique dont chaque histoire d'amour a besoin. Et comme les tournages se font rarement en hiver, vous pouvez être sûr que la neige sera synthétique, créée par ordinateur, et qu'elle piquera bien les yeux.
Quand on vous dit que les budgets sont pas dingues...
Bien d'autres clichés parsèment les scénarios souvent nommés aux Oscars de ces téléfilms de Noël, mais on a déjà plus qu'épuisé notre quota de sarcasmes.
Et si on adore être mauvaise langue, il faut bien admettre que tous ces stéréotypes font partie intégrante du plaisir qu'on éprouve à dévorer ces productions aussi honteuses que réconfortantes. Après tout, il n'y a aucun mal à se mettre à rêver, un peu.