Ne ratez pas le film le plus dingue de l'année !

Par - // le 1 septembre 2022

La rentrée dans toute sa splendeur : reprise du travail, trafic perturbé, transports bondés, bouchons, grisaille de circonstance... Heureusement pour vous, on vous préconise un miraculeux petit anti-dépresseur, disponible normalement dans votre cinéma le plus proche !

Mais qu'est-ce que c'est que ça ??

Le film s'appelle donc EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE, et voici le synopsis officiel : 

Evelyn Wang est à bout : elle ne comprend plus sa famille, son travail et croule sous les impôts… Soudain, elle se retrouve plongée dans le multivers, des mondes parallèles où elle explore toutes les vies qu’elle aurait pu mener. Face à des forces obscures, elle seule peut sauver le monde mais aussi préserver la chose la plus précieuse : sa famille.

Là, on vous imagine bien froncer les sourcils à la lecture d'un titre trop long et nébuleux, et d'un pitch relativement obscur qui n'inspire pas forcément la confiance.
Mais si vous n'en avez jamais entendu parler jusque-là, sachez que ce film, produit de manière artisanale par la boîte de production A24 (spécialisée dans les pépites indépendantes en tout genre comme MIDSMOMMAR, EX MACHINA ou MOONLIGHT) est déjà un véritable phénomène outre-Atlantique, où il est sorti depuis le 25 mars. 
En France, il sort seulement maintenant, et c'est une vraie chance de pouvoir découvrir une œuvre aussi créative au cinéma, et qui exploite à fond le concept très tendance de multivers.

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Et s'il existait un univers où vous ne seriez pas en train de lire nos formidables articles?

 

C'est quoi encore le 'multivers' ?

Le multivers sous-entend tout simplement une multitude de réalités parallèles, chacune étant sujette à des changements spécifiques. Prenons comme exemple votre collègue Bernard : on peut tout à fait imaginer que dans un univers parallèle, Bernard soit devenu le Tom Cruise français, plutôt que l'expert-comptable aigri qui vous casse les pieds (on t'aime Bernard !). 
En tant que spectateur, vous avez forcément croisé la notion de multivers dans SPIDER-MAN : NO WAY HOME : c'est grâce à elle que le film a pu intégrer les précédentes versions de l'homme-araignée incarnées par Tobey Maguire et Andrew Garfield !
Bref, si on vous parle de ça, c'est que le concept de multivers a déjà été mis en scène 2 fois au cinéma cette année.
La première avec l'énorme blockbuster de Marvel DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS (c'est même dans le titre du film !), et la seconde avec ce petit film indépendant qui sort de nulle part. Et bien, si vous voulez un récit qui exploite à 200% tout le potentiel cinématographique du multivers, et donc des possibilités offertes par les réalités parallèles, il faut contre toute attente se tourner vers ce EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE !

Jonathan Cohen Humour GIF by CANAL+
Oui Marc !

 

Pourquoi le film est miraculeux ?

Miraculeux, le mot est fort. Mais il est mérité, vraiment. Car souvent, même en ces lieux, on se plaint d'une certaine uniformisation du cinéma grand public, notamment avec la profusion de films de super héros qui inondent nos écrans chaque trimestre. L'impression qui se dégage en général, c'est de voir le même film produit à la chaîne, et de ne plus jamais être surpris ou embarqué en tant que spectateur.
Des considérations qui s'envolent en fumée à la vision de ce EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE.

Si on se base seulement sur le matériel promotionnel (affiche, bande annonce...), le film a l'air très compliqué. Et honnêtement, il l'est, et ça peut faire peur. Mais son intelligence, c'est d'embarquer le spectateur dans son univers, petit à petit, et de ne jamais se considérer plus malin que lui.
Ainsi, le récit commence avec une routine banale, sans artifice : celle d'une protagoniste incarnée par la brillante Michelle Yeoh (que vous avez forcément déjà croisée dans un James Bond, un Marvel ou un TIGRE ET DRAGON) qui pense être passée à côté de sa vie, et qui s'est enfermée dans un quotidien morose, sans aucune perspective de changement. Un sentiment donc relativement universel, que chaque spectateur a/aura (même si on ne vous le souhaite pas) connu dans sa vie à un moment. Il est donc très facile de s'identifier au personnage d'Evelyn.

Arrive ensuite l'élément perturbateur, qu'on ne prendra pas la peine de vous expliquer car le film le fait déjà très bien. A partir de là, c'est bien simple, ce qu'on voit à l'écran relève de l'inédit. Jamais film n'avait aussi bien exploité son concept, et celui-ci est d'une richesse infinie : imaginez un peu ce que votre vie aurait été si vous aviez accepté ce travail plutôt qu'un autre ? Si vous vous étiez mis en couple avec cette personne plutôt qu'une autre ? Si vous aviez pris cette direction plutôt qu'une autre ?  Les possibilités sont absolument vertigineuses !
Et si la notion de regrets a déjà été exploitée par le passé au cinéma (notamment avec le très beau MR. NOBODY, qu'on vous conseille), EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE traite son sujet de la manière la plus divertissante qui soit : à travers un film d'action et de science-fiction, regorgeant de scènes de combats totalement inattendues (notamment contre une Jamie Lee Curtis en employée de bureau enlaidie qui maîtrise le kung-fu), et de délires inoubliables (on traverse notamment un univers où l'être humain a pour doigts des...saucisses. Et le film va encore plus loin que ça !).
C'est simple : le film ne se refuse absolument rien, et ne semble jamais être le fruit de réunions marketing pour satisfaire le plus grand nombre. 

Bref, EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE possède un rythme dingue, et il est nécessaire de bien suivre car le nombre d'informations lancées à la minute est assez fou. 
Mais pas de panique : le scénario est suffisamment bien construit pour ne laisser personne de côté, et pour vous embarquer dans sa folie jusqu'à la dernière ligne droite. Et c'est justement dans cette maîtrise que réside la grande réussite du film : loin d'être un objet foutraque, chaque nouvelle idée nourrit la précédente et vient enrichir le parcours des protagonistes avec une cohérence rare.
On saluera à ce titre le très beau personnage du mari, incarné par Ke Huy Quan que l'on connaît tous mais qu'on n'avait pas vu sur grand écran depuis des décennies : c'était l'interprète de Demi-Lune dans INDIANA JONES, et de Data dans LES GOONIES ! Ici, il joue le rôle du père de famille discret qui a abandonné toute ambition pour ouvrir une petite laverie avec la personne qu'il aime, et qui s'épanouit dans ce quotidien où le bonheur est fait de petits riens. Là où n'importe quel film aurait traité le personnage comme un loser auquel l'héroïne doit s'émanciper, EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE en fait le cœur et l'âme de son récit. Un rôle magnifique, bien loin des stéréotypes et de l'idéal masculin mis en valeur par Hollywood, et qui explose dans une dernière partie tournée vers l'émotion qui peut même soigner certains maux universels, en donnant à réfléchir sur sa propre vie. Quand on vous dit que ce film est miraculeux !

 

Le cinéma est un art, et l'art est évidemment subjectif. Mais tout de même, au terme de ces 2h20 de projection, gorgées d'humour irrésistible, d'action jubilatoire et d'émotion à fleur de peau, c'est la sensation d'avoir assisté à quelque chose d'inédit qui prédomine.
EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE est un film qui n'essaie pas de nous vendre un bonheur hollywoodien, mais qui donne envie de vivre la vie pour ce qu'elle est, dans toute son imperfection.
Et c'est bien pour ce genre de ressenti qu'on continue à aimer et à aller au cinéma !

 

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Un film qui vous sort littéralement de votre routine au boulot !