Attendu de pied ferme par vos collègues aux dents longues et craint par les plus réservés, l'entretien annuel est un exercice très courant dans le monde du travail, quelle que soit la taille de l'entreprise.
C'est l'occasion idéale pour faire un bilan de l'année écoulée, pour faire remonter ce qui vous a épanoui (en dehors des afterworks et des séminaires à la plage, on vous voit venir) et au contraire faire entendre ce qui vous a moins enchanté (et on ne parle pas que des blagues vaseuses de Bernard de la compta).
Enfin, et on ne va pas se le cacher, c'est aussi l'heure de parler évolution de salaire, de responsabilités, de poste (ou en tout cas de s'assurer de ses projets à plus ou moins long terme).
Bref, pas question de venir les mains dans les poches (ce qui serait un peu malpoli de toute façon), alors on vous donne quelques billes pour que ce moment d'échange se passe au mieux !
Suivez une trame
Même si le temps de l'entretien vous sera entièrement alloué, il est aussi limité. Donc il s'agit de s'assurer de pouvoir aborder tous les sujets qui vous tiennent à cœur dans la durée de cet échange, et quoi de mieux pour ça que de suivre une trame prédéfinie ? (c'est une question rhétorique, ne répondez pas)
Dans certaines entreprises, un listing de points à aborder pourra vous être envoyé en amont du jour J. Dans d'autres, le contenu de l'entretien est plus 'ouvert' et 'libre'. Si vous faites partie de ce 2ème cas de figure, vous pourriez suivre ce genre de schéma par exemple (liste non-exhaustive, cela va sans dire) :
- Bilan de l'année écoulée
1) le positif (vos accomplissements, ce qui vous a plu, etc...)
2) le moins positif
3) les freins rencontrés
- Projection pour l'année à venir
1) vos objectifs
2) ce que vous aimeriez approfondir
- Vos autres demandes (qui doivent donc découler de la partie précédente)
Cela vous permettra de structurer votre discours, et de le rendre d'autant plus impactant. C'est un peu scolaire, mais n'oubliez pas de proposer cette trame dès le début de l'entretien, pour la valider avec votre manager.
Transformez le 'négatif' en 'semi-positif'
Comme vous avez pu le constater sur la trame précédente, on évite au possible d'aborder les points négatifs tels quels. Bien sûr, il y en a : la personne en face de vous s'en doute bien, vous-même le savez, bref... c'est un secret de Polichinelle. Le monde du travail ne peut pas toujours être un long fleuve tranquille : certains projets n'aboutissent pas, certaines frustrations prennent parfois le pas sur le moral, quand ce n'est pas carrément la vie privée qui vient empiéter sur le bien-être au bureau.
Et évidemment qu'il faut aborder ces points bloquants, et ne pas les laisser de côté par pudeur. Sans non plus transformer l'entrevue en règlements de compte qui n'a pas lieu d'être (nous ne sommes hélas plus au Far West)
Mais ce qui est important est de ne pas broyer du noir, et de transformer au maximum ces expériences négatives en axes d'amélioration.
Un projet à échoué ? → Vous en avez forcément tiré des leçons, des façons de faire (ou de ne pas faire), et vous allez les appliquer pour la suite !
C'est ce genre de discours qui intéressera la personne en face, et qui vous permettra de laisser une bonne impression (ce qui pourra même favoriser vos demandes de fin d'entretien).
Rêvez...avec les pieds sur terre
Que celui qui ne souhaite pas une évolution nous jette la première pierre ! C'est une volonté naturelle chez tout employé (encore plus lorsqu'il fournit un travail de qualité, certainement comme vous cher lecteur), mais c'est aussi LE moment redouté lors d'un entretien de ce type.
Être ambitieux, c'est bien. Mais ça n'empêche pas d'être aussi un minimum réaliste.
Alors non, ce n'est pas encore cette fois que vous pourrez concurrencer financièrement ce troubadour d'Elon Musk, mais ce n'est pas grave : si vous méritez une évolution (qu'elle soit salariale ou professionnelle), à priori vous avez toutes les chances de votre côté pour l'obtenir ! Mais renseignez-vous bien en amont sur la réalité du marché : de nos jours on trouve très facilement ce genre d'infos sur internet, et au pire des cas, des discussions en off à la machine à café peuvent également être utiles. Il est nécéssaire que votre demande s'aligne à votre niveau d'expérience, à vos accomplissements passés, et à vos ambitions futures.
Plus votre demande semble absurde, moins la personne en face sera réceptive et prête à vous l'accorder.
Enfin, rappelez-vous que votre manager n’est pas toujours LE décisionnaire final sur ce type de demande. La plupart du temps, il agit en tant que messager, et c'est donc d'autant plus important d'étayer votre souhait avec des argumentations concrètes, qui viendront s'ajouter à celles que le manager fera lui-même s'il décide de plaider en votre faveur.
Ne réagissez pas sous le coup de l'émotion
L'entretien annuel permet de se livrer sur plusieurs points qu'on n'a jusque-là (à priori) pas eu la chance d'aborder avec son manager. Mais pour autant, ce n'est pas une confession, et cela reste l'environnement du travail : il est donc indispensable de maintenir une certaine distance professionnelle, et de ne pas céder à l'émotion.
Ainsi, si vous sentez des divergences entre votre auto-évaluation et celle de votre manager, restez serein. Vous avez le droit de ne pas être d'accord, mais vous avez aussi le devoir de ne pas l'exprimer de manière colérique.
Tout ce qui est dit lors de cet entretien est constructif, alors autant prendre en compte les potentielles critiques à votre égard (celles que vous n'avez pas identifiées jusque-là en tout cas) avec recul : après tout, nous ne sommes pas toujours nos meilleurs juges (vous pourrez nous citer là-dessus, pas de soucis). N'hésitez pas à demander des exemples concrets, si vous ne comprenez pas totalement de quoi il retourne.
Et si vous êtes toujours en désaccord, libre à vous de demander un nouvel entretien pour obtenir le recul nécessaire afin d'aborder le sujet en question de manière objective, et pour se laisser le temps de digérer ce qui vient de vous être dit.
Enfin, si l'entretien annuel ne se conclut pas comme espéré (notamment au niveau de vos perspectives d'évolutions), ce n'est pas la peine de claquer violemment la porte : déjà ce serait un peu cavalier de votre part, et ensuite ça ne favoriserait pas votre image au sein de l'entreprise. Cependant, il est tout à fait envisageable de vous défouler après cette dure journée avec une petite séance de running, ou bien de noyer votre chagrin (non pas dans l'alcool, c'est mal) auprès de vos proches.
(oui, on adore les gifs ici)
En résumé, voyez cet exercice comme une opportunité : celle de pouvoir dire les choses, et de faire connaître vos ambitions à court et moyen terme. Et comme toute opportunité, on ne la décroche pas par hasard : pensez à bien préparer votre entretien annuel en amont, et restez aussi zen que possible le jour J.
Quoi qu'il arrive, ce n'est pas la fin du monde !