Une affiche que vous croiserez probablement 198 fois par jour en février...
Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine. Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu…
Est-ce que c'est le meilleur des films ASTÉRIX ?
→ Non...
On s'en doutait un peu tous, mais le film ne joue clairement pas dans la même cour que MISSION CLÉOPÂTRE, l'opus de Chabat restant à ce jour un petit miracle de dosage entre rires francs et envie de proposer un beau spectacle. Cependant, fort heureusement, L'EMPIRE DU MILIEU est 100 coudées au-dessus du désolant ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES, qui reste à ce jour ce qui peut se faire de pire en termes de grosses productions franchouillardes. Non vraiment, on vous met au défi de le revoir. Et même de jouer à un jeu à boire tiens : prenez un shot dès qu'un personnage fait une chute, en guise de gag. Vous serez au bord du coma éthylique dès les 3 premières minutes de film !
Bon on s'est un peu égaré, mais pour en revenir à L'EMPIRE DU MILIEU, on dira donc que c'est le 2ème meilleur film ASTÉRIX. Ce qui est plutôt pas mal... (tout ça si on ne compte pas les films d'animation hein)
Est-ce que Canet et Lellouche sont des bons choix ?
→ Oui !
C'est peut-être la grosse surprise du film, mais contrairement à ce qu'on pouvait légitimement craindre au vu des premiers visuels, Guillaume Canet est un Astérix tout à fait solide. Et surtout, Gilles Lellouche prend la succession de Depardieu en Obélix avec une belle aisance (malgré un léger manque de surpoids, on sent bien le rembourrage du costume). D'ailleurs, là où la plupart des adaptations se contentaient de les traiter comme des personnages secondaires à leur propre aventure, L'EMPIRE DU MILIEU les remet sur le devant de la scène. Et leur amitié donne droit à de jolis moments de complicité entre les 2 acteurs, et vient même clôturer l'histoire avec un joli plan final.
Est-ce que le film est parasité par son casting de stars ?
→ Non !
La promo du film faisait peur, avec son étalage de stars en tout genre... et pouvait rappeler les heures sombres d'ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES (non, on ne s'en remet décidément pas). Il est donc rassurant de constater que les Angèle, Mcfly & Carlito et autres Zlatan n'ont que de touts petits rôles, n'excédant pas la minute d'apparition à l'écran. Le reste du casting est plutôt bon, avec une mention spéciale à Vincent Cassel en César : l'acteur s'amuse beaucoup, et ça se voit ! On est également surpris de constater le faible de temps de présence à l'écran de Marion Cotillard en Cléopâtre, mais l'actrice joue également un autre rôle non-crédité au générique, dans lequel elle est totalement méconnaissable. On vous met au défi de la reconnaître !
Donc le film est drôle ?
→ Hmmmm... malheureusement non...
C'est certainement l'élément le plus compliqué à gérer pour toute adaptation : l'humour est après tout un art éminemment subjectif, et il peut être très difficile de plaire au plus grand nombre, de proposer des blagues qui fonctionnent autant sur les enfants que leurs parents (ASTÉRIX restant une production familiale avant tout). Hélas, au vu du silence de la plupart des spectateurs présents à notre séance, on peut dire que la mission est ratée. Le film est bien bardé de blagues, mais l'inconsistance de l'humour, qui se cherche constamment entre vannes modernes, redites de MISSION CLÉOPÂTRE et propositions plus classiques, lui fait défaut et ne déclenche jamais aucun rire. Alors oui, on sourit parfois...mais presque poliment.
Et puis quand même : réussir à rendre Jonathan Cohen absolument pas drôle, c'est bien là un exploit dont L'EMPIRE DU MILIEU aurait pu se passer !
Mais pourquoi le voir alors ?
→ On va vous le dire, allons !
Déjà, Guillaume Canet n'est pas un manchot en réalisation. Et même si le film n'échappe pas au côté 'cosplay grandeur nature' propre à chaque adaptation live, il peut se targuer d'avoir le souci du détail et de crédibiliser son univers de BD. De ce point de vue là, les fans de l'œuvre de Goscinny et Uderzo devraient donc trouver leur bonheur.
En revanche, si une des volontés de départ était de dépayser le spectateur, force est de constater que les restrictions de tournage liées au Covid n'ont pas fait du bien... Les équipes ne pouvaient plus se rendre en Chine comme prévu, et ont donc dû tout filmer en Auvergne-Rhône-Alpes. Une magnifique région hein, ne comptez pas sur nous pour cracher dessus ! Mais bon, pour simuler des contrées africaines ou asiatiques, on va dire que ce n'est pas forcément LE choix idéal, et ça se voit un peu à l'écran hélas... Heureusement que ce manque dans les décors naturels est compensé par des effets spéciaux réussis (alors qu'ils ne sont d'habitude jamais un gage de qualité dans un film ASTÉRIX) et qui assurent le spectacle, notamment avec une belle bataille finale de grande ampleur. Et si une certaine forme de copinage peut être détectée, Canet a pourtant eu le nez creux en confiant la musique du film à son ami Matthieu Chedid (ou -M- pour les intimes) : la bande originale est très réussie !
Bon alors qu'est-ce que je dois faire ?
→ Un peu d'initiatives, que diable !
Vous pouvez par exemple tout à fait acheter votre place de cinéma à tarif remisé, cher lecteur assidu et confus !
Mais du coup il faut aller au cinéma ou pas ?
→ Bien sûr !
Déjà parce qu'aller au cinéma, ça fait toujours du bien. Ensuite parce que cet ASTÉRIX fait quand même passer un bon moment de divertissement, et c'est déjà beaucoup. Enfin, et là on est un peu plus fourbe, parce que vous pouvez très bien vous rendre au cinéma tout en allant voir un autre film. On pourrait par exemple vous diriger, en toute innocence, vers l'excellent KNOCK AT THE CABIN (dans un tout autre genre). Mais on ne le fera pas, parce qu'on est tout de même sur un article d'Astérix, par Toutatis !
